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J'AI ENTENDU LES BOMBES DE 1940

Mercredi 10 octobre : 67ème étape : Une nuit un peu chaotique, j'ai eu un peu de mal à trouver le sommeil, sans doute encore un peu perturbé par ce que j'ai vécu hier. Mais aujourd'hui est un autre jour, je vais retrouver ma mer du Nord avec un soleil radieux, pas un nuage. Je pars de Gravelines, le lieu de notre nuitée. En longeant un bras de mer presque à sec puisque nous sommes à marée basse. Dans quelques minutes je vais retrouver la réserve naturelle de Platier d'Oye, dunes et plages. A la sortie de Grand Fort Philippe, là ou doit commencer la réserve, un agent de sécurité m'interpelle :

-- Vous allez où ?

-- Calais par le GR 120.

-- Impossible, des démineurs sont entrain de faire sauter des bombes de la guerre c'est barré sur un rayon de 5 kms.

Il faut que ça tombe sur moi. Pas de chance, il me faut retourner sur la route pour bouffer de la voiture. 1h15 environ. La réserve va me passer sous le nez.

A 10h30, je fais ma pause matinale juste au changement de département, au revoir le Nord bonjour le Pas de Calais. 15ème département. Le Nord aura marqué son empreinte, depuis le 4 août, il détient le meilleur moment, l'arrivée à la mer du Nord à Bray Dunes et le pire avec ce passage hier au milieu des migrants. Tout au long de ma déviation, de temps à autre, j'entends les bombes qui explosent, je sursaute à chaque fois tellement c'est violent, alors que je suis à 3 kms environ. J'imagine à l'époque le déluge de feu et le bruit que cela pouvait représenter. Terrible ! Puis je retrouve la plage mais pas le GR120, je ne sais pas où il est, mal balisé, plein de sentiers, que ce soit sur la plage, sur les dunes ou dans les broussailles. Je longe au pif, seul, et finalement pas tranquille. Bon, la mer est loin, elle commence à remonter mais ne sera pas la avant 2h30. L'inquiétude, c'est qu'il reste des poches d'eau qui me barrent le passage et on me parlait de sable mouvant. Je regarde au sol et marche dans les traces de mes prédécesseurs. Puis des coups de feu de chasseurs remplacent les bombes. Il ne manquait plus qu'eux. Dans les poches d'eau sont installés des faux canards pour attirer les vrais et les chasseurs sont cachés dans des cabanes recouvertes de filets. Je signale ma présence mais c'est chaud quand même. Bref ! C'est une belle étape mais je n'arrive pas à être serein, j'aimerais bien être sur le vrai GR et lorsque je me renseigne vers un ou deux passants, personne ne peux m'orienter. Je pique-nique contre la plage sur une partie enherbée, la mer encore bien loin, je ne verrais pas son retour. La suite, quitter le GR que je n'ai jamais vu pour rejoindre Marck banlieue de Calais. Je retrouve Jean-Marc dans un espace camping car sympa.

Bon pas simple pour se faire plaisir, demain sera un autre jour avec notamment le Cap Blanc Nez.


Vu de la plage, la mer au plus bas. Petites herbes en premier plan et le sable tout au fond.


L'étendue de sable, la mer est peut-être à 1km et reviendra jusque vers les petits tas d'algues.


Ce matin ou nous étions garé, la mer retirée, les bateaux sont sur le dur.


Jean-Marc m'a accompagné, c'est lui qui a pris la photo avec l'immensité de vide derrière.

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